Parfums de souk
Louxor ne se résume pas à une orgie de monuments. Il faut se perdre dans la ville. On accélère le pas à la vue des babioles destinées aux touristes, où Horus, Annubis et les autres divinités prennent moult formes. En s’enfonçant dans les rues étroites et poussiéreuses, on découvre un marché sans fin. Une douce odeur de goyave s’allie aux effluves de chicha, fumée rituellement dès le lever du jour. Pain, crêpes et falafels cuisent en abondance. Quelques deux roues, motorisés ou pas, fendent la foule à coups de klaxons aussi réguliers que les pulsations d’un cœur qui battrait la chamade.
Dans un espace à ce point restreint, un grand-angle s’avère indispensable. La focale la plus courte que nous pouvons utiliser équivaut à un 27 mm en 24 x 36. Nous préférons le 10 mm pancake au 10-30 mm. Un peu plus compact que le zoom proposé en kit, il assure une grande discrétion une fois monté sur le V1. Ces deux modèles sont livrés sans pare-soleil. Ce qui est un peu gênant sur le 10 mm, dont la lentille est particulièrement affleurante. Attention aux traces de doigts !
Deux femmes en galabeya noires, accroupies sur un trottoir, vantent la bonne chair de leurs pigeons, les brandissant à bout de bras comme des trophées au nez des passants. On tente une vue en contre-plongée, en privilégiant une vitesse lente (1/40s) pour suggérer le battement des ailes, tout en conservant les visages immobiles des deux protagonistes nets en arrière-plan. Pas facile de cadrer correctement. À 27 mm, en étant aussi près, il faut que tous les éléments à intégrer dans la composition soient assez regroupés. Si l’écran de 3 pouces et 921 kpts du V1 s’avère très lisible, on regrette qu’il ne soit pas orientable – à l’instar de celui du P7100.
Avec le temps, on s’habitue à l’angle de champ des diverses focales, ce qui permet d’anticiper la composition. Après plusieurs tentatives, le résultat se révèle concluant. Les négociations vont bon train. Fèves, coriandre, oignons, sésame, tomates, cumin, etc. La cuisine égyptienne emprunte autant au Maghreb qu’au Proche-Orient. L’ambiance bon enfant se révèle propice à la photographie. Le format CX favorise une profondeur de champ importante, à l’instar des compacts. Ce qui permet de le maintenir au niveau de la taille et de déclencher en progressant dans ce grand tohu-bohu. D’autant que l’autofocus se montre rapide et précis. Par deux fois, on nous met en garde : quelques billets dépassent de nos poches de pantalon. La montée de la petite délinquance résulte d’une diminution de l’intervention policière depuis la chute de Moubarak. Didier, égyptologue, qui endosse des habits de guide pour ce reportage, ne cache pas sa surprise. À la mi-journée, la température devient difficilement supportable. Les innombrables calèches qui sillonnent la ville tombent à point nommé pour rallier Karnak.

par photo : www.calendini.com
Malgré une vitesse d’obturation lente, les sujets immobiles sont nets en arrière-plan, tandis que le battement des ailes du pigeon est suggéré par un léger flou. Nikon1V1-1Nikkor10mmf/2,8- 1/60s – f/6,3 – 250 Iso
Discrétion à tout prix
À l’entrée du temple, on franchit aisément les portiques de sécurité, les deux boîtiers en bandoulière : l’un avec le pancake 10 mm, l’autre avec le 30-110 mm. Dans le même temps, un possesseur de reflex se voit prié de ranger son matériel. Quand la lumière est aussi forte, on apprécie de disposer d’un viseur. Celui du V1 est de type électronique. Avec 1,44 Mpts, il affiche une définition très correcte, et couvre 100 % du champ. Un grand nombre d’informations est accessible, sans pour autant obstruer la vue: mode AF, format de fichier, balance des blancs, jauge d’accu, etc. Une icône en haut à gauche rappelle le mode de prise de vue sélectionné, parmi les quatre disponibles sur la molette dédiée, au dos du boîtier. Lorsque l’écran LCD s’allume, le simple fait d’approcher l’œil de l’œilleton fait basculer l’affichage dans le viseur. Bien vu ! On gagne un temps précieux en évitant de presser une touche. En revanche, on constate que la sortie de la mise en veille n’est pas immédiate: il faut compter deux bonnes secondes pour que l’image réapparaisse. On peut conseiller d’allonger la durée de la mise en veille à 5 minutes. Mais sous une forte chaleur, l’appareil risque de chauffer plus qu’à l’accoutumée. Nous avons opté pour 30 secondes. Les modes PASM sont bel et bien présents, même si rien ne l’indique en apparence : on y accède par les menus, qui reprennent l’arborescence des reflex nikon. Mais ils s’avèrent beaucoup moins fournis. Nous privilégions donc le mode priorité à l’ouverture (A).
Visiter ce site mythique quand le soleil est au zénith n’est pas une mauvaise idée en soi. Des puits de lumière se forment parmi les ruines. On se régale à jouer au chat et à la souris avec les gardiens, entre les cent trente-quatre colonnes de la salle hypostyle, orphelines du plafond. Pendant ce temps, un groupe de Russes applique la tradition à la lettre en parcourant sept fois le tour d’un énorme scarabée pétrifié, en bordure du Lac sacré… Dans un tel lieu où le sable est omniprésent, on apprécie de disposer de deux boîtiers, car cela évite de changer d’optique.
Le V1, à l’instar de tous les appareils hybrides, est particulièrement exposé, en raison de l’absence de miroir, laissant le capteur à nu quand on démonte une optique. S’il intègre bien un système antipoussière, ce dernier ne peut être réglé de manière fine: il s’active à l’allumage et à l’extinction, automatiquement. Lorsqu’on sollicite un portrait, à de rares occasions, privilégiant plutôt les attitudes authentiques, les gardiens miment une conversation ou prennent la pose avec un naturel digne de disciples de l’Actor’s Studio. Il faut dire que notre hôte excelle dans l’art de la mise en scène. «Doctor Didi», aussi connu que Toutankhamon dans les environs, parle un arabe spontané, où les gestes prennent la même importance que les mots. Sous des faux airs de prof de fac, avec ses lunettes à petit foyer et ses boucles grisonnantes, se cache un tempérament explosif. Cet ancien tour opérateur transmet sa passion pour l’histoire égyptienne comme personne, s’aidant des tomes de la bande dessinée Alix pour rendre son propos plus concret. Intarissable sur la moindre scène en hiéroglyphes, il réagit au quart de seconde si la moindre opportunité de prise de vue s’offre à nous. Et se met en quatre pour que ça marche, avec un enthousiasme jouissif. Quelle énergie! On n’a pourtant encore rien vu. Propriétaire d’une des trois dernières authentiques dahabeyah d’Égypte, Didier passe le plus clair de son temps à voguer sur les eaux du Nil.
Consultez la source sur Reflex-numerique.fr: Au fil du nil Nikon V1 // Partie 3